C’est le problème quand tu manges une « pizza light » parce que Stéphanie (@ZatenkoS) m’a dit : « tu peux prendre ça, une demie-pizza et une salade, ça ne fera pas de toi une fille ! » Ouf !

Alors que notre discussion portera pour l’essentiel de ce déjeuner passé à la vitesse d’une keynote, sur la générosité du giver et sa capacité à se détacher des enjeux Roistes dont on l’accable dans une société à la recherche du business immédiat, je me demande si ma réponse positive à cette propositon indécente est éthique ou morale… Suis-je fidèle à mes valeurs (suis-je éthique ?) en suivant un avis bienveillant ou au contraire fidèle à la morale partagée qui voudrait que j’accepte d’être comme l’autre sans autre préjugé ? Spinoza versus Kant : le combat des chefs sur une table de Pizzeria !

Si l’on constate un peu partout que le taux de clients fidèles tourne autour de 15%, est-ce purement le reflet d’une fidélité contrainte par la morale (par la pression sociale) ou parce qu’il y aurait 15% des clients qui seraient « in love » et qui par respect éthique de leur engagement affectif décideraient avec toute leur volonté d’être fidèles ? Ou un peu des deux, non ?…

Pour reprendre l’argument de Maxime, lorsque j’ai été fidèle à l’Occitane pendant 10 ans, et qu’un jour je me réveille avec le désir d’en finir avec cette marque et de me jeter dans les bras d’une autre, voire de plusieurs, dois-je (puis-je) ressentir un profond malaise, non éloigné de la trahison sentimentale ? Quelque part, cette fidélité dans le temps a construit mon identité, et si je me reconnais, si les autres savent qui je suis, c’est aussi gràce à ce repère, ce symbole de ma personnalité. Etre fidèle à soi-même, devient dès lors, cette fidélité à certaines marques, comme autant de signifiants exprimés. Aussi si je décide de cette fidélité, je peux parfaitement assumer qu’elle est éthique et non morale. A l’inverse, si je subis la morale ambiante, alors je n’éprouverai aucun sentiment réel de fidélité mais au contraire, un conformisme confortable et réducteur.

D’ailleurs, si je viens rendre visite à mes amis dans 24 ans avec une Citroën, ils se demanderont si j’ai eu un accident, puisque je n’ai jamais juré par une autre marque que BMW* !… La fidélité est un choix, ou devrait l’être. Ce choix n’est pas gravé dans le marbre, sauf au cimetière. Contraindre ses clients à devenir fidèles, ou dit autrement, les fidéliser en pratiquant l’art de la rétention, n’est possible qu’en usant de la morale ou de la peur. Certes, c’est ce que propose le marketing depuis trop longtemps, notamment avec les cartes de fidélité. Est-ce une raison valable pour continuer ?

A l’heure où le consommateur exige des marques qu’elles soient éthiques, devrait-on se débarasser de la morale (bien-pensante) en marketing ?

Ca pose question !?..

Rappels :

Principe clé de la morale Kantienne : « Agis de telle sorte que la maxime de ta volonté puisse toujours valoir en même temps comme principe d’une législation universelle ».

Base de l’éthique de Spinoza : « ni alter ni ego ! Le désir de connaitre et le désir de faire connaître sont pour nous une seule et même chose ».

* exemple fictif ! je n’ai aucun lien avec ces marques là…